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Préambule

Notre approche sociale et communautaire est avant tout une pratique. Celle-ci s’est construite à partir de l’expérience menée depuis 1984 dans notre association.

Pour nous, elle n’a pas valeur de modèle, et nous l’inscrivons dans un courant qui privilégie une approche globale des troubles et des souffrances psychiques dans le cadre d’une politique de santé mentale solidaire et responsable.

Les valeurs et la politique de l’association Arcade 84

Depuis la fondation de notre structure en 1984, nous défendons des valeurs telles que la solidarité, le partage et la reconnaissance. R.Castel (1976) a démontré qu’une politique de santé mentale se constitue à partir d’éléments complémentaires :

  • le dispositif institutionnel
  • le code théorique (explications des troubles psychiques)
  • le corps des professionnels
  • les technologies d’intervention (moyens thérapeutiques, les soins)
  • le dispositif législatif (loi sanitaire et droits des patients).

Les éléments dynamiques de ces pratiques sont la prévention, la promotion de la santé mentale, les soins, l’action sociale, la réadaptation et la réhabilitation psychosociale.

La réhabilitation psychosociale

Cette réhabilitation vise à rétablir les droits et les capacités d’une personne. Cela lui permet de regagner l’estime de soi et de mettre l’accent sur son intégrité et ses forces. Selon Deleu (1999), une réhabilitation psychosociale se base sur plusieurs principes que nous pouvons décliner de la manière suivante :

  • les personnes ont le droit et la capacité de participer à la prise de décision concernant leur vie
  • chaque personne, même fortement handicapée, est capable d’améliorer son niveau de fonctionnement
  • la responsabilité du professionnel est de développer le niveau d’attente que les personnes ont pour elles-mêmes et les aider à se percevoir comme capables de progrès
  • une partie des interventions doit viser à changer l’environnement plus large de la personne, c’est-à-dire les attitudes et le mode de fonctionnement qui peut être un obstacle à leur intégration.

La réhabilitation psychosociale soutient la conviction que le travail, et spécialement l’opportunité d’aspirer et de se réaliser dans un emploi rémunéré sont un besoin et une force d’intégration. Elle est centrée sur le patient et son contexte de vie et elle implique une proximité d’action. Elle doit combattre la désinsertion, la discrimination et la ségrégation. Elle privilégie la continuité des soins et de l’accompagnement social dans un réseau de soins souple et articulé, hospitalier et ambulatoire. Ce réseau est à l’écoute de l’histoire et de la culture de ses habitants.

Selon Michel (2001), l’aspect central de cette politique est l’expression des besoins de rétablissement de leur santé, par les patients eux-mêmes, ainsi que le respect de leurs droits . Cette expression se réalise par la prise en compte du vécu subjectif de la souffrance et des troubles psychiques. La socialisation de cette connaissance peut s’accomplir dans les groupes de patients.

Dans notre projet d’accompagnement social et communautaire en santé mentale, cette conception des droits et des besoins des usagers-patients, ainsi que le dispositif institutionnel et associatif, se concrétise comme un processus évolutif et interactif entre les membres du réseau. Ainsi le travail de réseau inter-disciplinaire et inter-institutionnel prend toute sa valeur.

Contexte socio-historique

Dans les années 1960-1970, le courant critique de la psychiatrie émerge au sein d’un vaste mouvement de remise en question des pouvoirs et des institutions de contrôle social (Foucault, 1977). Les institutions psychiatriques fonctionnent encore selon les principes de la fin du XIXème, début du XXème siècle : le patient est considéré comme incurable, irresponsable et souvent dangereux (Goffman, 1968).

En automne 1973, se crée au niveau européen le « Réseau d’alternatives à la psychiatrie ». Au printemps 1974, suite à une assemblée générale qui se tient à Lausanne, un secrétariat romand dans lequel les fondateurs de l’Arcade 84 (A.Riesen et R.Sculer) seront très actifs.

À Genève, le réseau est important, il compte plus de cent membres. Plusieurs patients souffrant de troubles psychiques y militent et proposent de créer ce qui sera l’Adupsy (Association de défense des usagers de la psychiatrie). Leur exigence est de constituer un mouvement de revendications et de dénonciations mixtes. Un mouvement constitué également de travailleurs de la santé (médecins psychiatres, infirmiers, assistants sociaux et ergothérapeutes), de proches, d’amis, de juristes et d’avocats. Il s’agit de changer la législation en faveur des droits des patients (Forum Santé, 2003), de faire reculer les pratiques psychiatriques autoritaires, surtout pour les traitements, de leur redonner parole, espoir et dignité.

En Europe, le patient est souvent hospitalisé contre sa volonté, et subit des traitements sous contrainte. La psychiatrie biologique domine la pratique thérapeutique. Le plus souvent, l’institution est dirigée par les médecins. Ils détiennent le pouvoir médical et administratif. Ils régissent la vie quotidienne dans un univers clos où des abus de pouvoir (violence physique et symbolique envers les patients) peuvent se développer (Steinauer, 1977).

C’est dans ce contexte qu’un désir de changement se concrétise au travers d’expériences alternatives qui vont se réaliser en Europe. Il s’agit alors de transformer le dispositif institutionnel, les pratiques thérapeutiques, le statut du patient ainsi que la fonction du thérapeute pour que les politiques et les pratiques en santé mentale changent de fait.

Ces nouvelles pratiques thérapeutiques et sociales tentent de répondre aux besoins de reconnaissance de dignité et d’humanité des patients. Par exemple en France, la psychothérapie institutionnelle (Tosquelles, 1984) tente de faire valoir le développement des thérapies relationnelles comme essentiel pour rendre la parole aux patients. Le dispositif institutionnel est ainsi conçu comme un espace de soins et non plus comme un espace d’enfermement et de contrôle des patients. En Angleterre (Barnes et Berke, 1973), les communautés thérapeutiques accueillent les patients en crise psychiatrique en limitant au maximum l’utilisation des moyens de contention physique et des médicaments.

En Italie, la fermeture des hôpitaux psychiatriques (Basaglia, 1970) au profit de services socio-sanitaires implantés dans le territoire et les hôpitaux généraux préfigurent le développement important des structures intermédiaires en Europe : foyers, appartements protégés, appartements individuels accompagnés, services de soins et aide à domicile, entreprises sociales et solidaires, services pour la promotion des droits des patients, création de groupes de patients, espaces de formation et de placement spécialisés, lieux de rencontres et de création artistique, organisations de loisirs et d’espaces culturels en lien avec la communauté.

Toutes ces réalisations ont un dénominateur commun : lutter contre toutes les discriminations, ségrégations et exclusions des personnes souffrants de troubles psychiques de l’espace et du bien commun et valoriser la culture du lien social, la responsabilité individuelle et collective, la solidarité.

Aujourd’hui, l’approche intégrée des soins, de l’action sociale et communautaire dans laquelle s’inscrit l’association Arcade 84 est encore une perspective nouvelle. Elle n’est pas encore réalisée. Mais elle est demandée de plus en plus ouvertement par les patients et les groupes de patients. C’est pour eux la possibilité de choisir, en partenariat avec les soignants et travailleurs sociaux, les différents modèles d’institutions, de pratiques thérapeutiques et sociales qui correspondent au plus près aux soins, à l’accompagnement social que nécessite l’état de leur santé et leur système de valeurs.

Contexte socio-historique

Dans les années 1960-1970, le courant critique de la psychiatrie émerge au sein d’un vaste mouvement de remise en question des pouvoirs et des institutions de contrôle social (Foucault, 1977). Les institutions psychiatriques fonctionnent encore selon les principes de la fin du XIXème, début du XXème siècle : le patient est considéré comme incurable, irresponsable et souvent dangereux (Goffman, 1968).

En automne 1973, se crée au niveau européen le « Réseau d’alternatives à la psychiatrie ». Au printemps 1974, suite à une assemblée générale qui se tient à Lausanne, un secrétariat romand dans lequel les fondateurs de l’Arcade 84 (A.Riesen et R.Sculer) seront très actifs.

À Genève, le réseau est important, il compte plus de cent membres. Plusieurs patients souffrant de troubles psychiques y militent et proposent de créer ce qui sera l’Adupsy (Association de défense des usagers de la psychiatrie). Leur exigence est de constituer un mouvement de revendications et de dénonciations mixtes. Un mouvement constitué également de travailleurs de la santé (médecins psychiatres, infirmiers, assistants sociaux et ergothérapeutes), de proches, d’amis, de juristes et d’avocats. Il s’agit de changer la législation en faveur des droits des patients (Forum Santé, 2003), de faire reculer les pratiques psychiatriques autoritaires, surtout pour les traitements, de leur redonner parole, espoir et dignité.

En Europe, le patient est souvent hospitalisé contre sa volonté, et subit des traitements sous contrainte. La psychiatrie biologique domine la pratique thérapeutique. Le plus souvent, l’institution est dirigée par les médecins. Ils détiennent le pouvoir médical et administratif. Ils régissent la vie quotidienne dans un univers clos où des abus de pouvoir (violence physique et symbolique envers les patients) peuvent se développer (Steinauer, 1977).

C’est dans ce contexte qu’un désir de changement se concrétise au travers d’expériences alternatives qui vont se réaliser en Europe. Il s’agit alors de transformer le dispositif institutionnel, les pratiques thérapeutiques, le statut du patient ainsi que la fonction du thérapeute pour que les politiques et les pratiques en santé mentale changent de fait.

Ces nouvelles pratiques thérapeutiques et sociales tentent de répondre aux besoins de reconnaissance de dignité et d’humanité des patients. Par exemple en France, la psychothérapie institutionnelle (Tosquelles, 1984) tente de faire valoir le développement des thérapies relationnelles comme essentiel pour rendre la parole aux patients. Le dispositif institutionnel est ainsi conçu comme un espace de soins et non plus comme un espace d’enfermement et de contrôle des patients. En Angleterre (Barnes et Berke, 1973), les communautés thérapeutiques accueillent les patients en crise psychiatrique en limitant au maximum l’utilisation des moyens de contention physique et des médicaments.

En Italie, la fermeture des hôpitaux psychiatriques (Basaglia, 1970) au profit de services socio-sanitaires implantés dans le territoire et les hôpitaux généraux préfigurent le développement important des structures intermédiaires en Europe : foyers, appartements protégés, appartements individuels accompagnés, services de soins et aide à domicile, entreprises sociales et solidaires, services pour la promotion des droits des patients, création de groupes de patients, espaces de formation et de placement spécialisés, lieux de rencontres et de création artistique, organisations de loisirs et d’espaces culturels en lien avec la communauté.

Toutes ces réalisations ont un dénominateur commun : lutter contre toutes les discriminations, ségrégations et exclusions des personnes souffrants de troubles psychiques de l’espace et du bien commun et valoriser la culture du lien social, la responsabilité individuelle et collective, la solidarité.

Aujourd’hui, l’approche intégrée des soins, de l’action sociale et communautaire dans laquelle s’inscrit l’association Arcade 84 est encore une perspective nouvelle. Elle n’est pas encore réalisée. Mais elle est demandée de plus en plus ouvertement par les patients et les groupes de patients. C’est pour eux la possibilité de choisir, en partenariat avec les soignants et travailleurs sociaux, les différents modèles d’institutions, de pratiques thérapeutiques et sociales qui correspondent au plus près aux soins, à l’accompagnement social que nécessite l’état de leur santé et leur système de valeurs.

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